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À travers une œuvre autobiographique nourrie par son identité queer, Benjamin Renoux interroge son rapport troublé aux images, dans un monde où l’omniprésence numérique superpose les réalités. En conjuguant photographie et autres médiums (peinture, sculpture, vidéo), il déploie une poésie inquiète, entre monumentalité picturale et fragilité documentaire, sensible aux failles d’un présent traversé de crises.

Adolescent dans une France rurale des années 2000, Benjamin Renoux grandit à l’écart des discours sur l’homosexualité. Le numérique s’impose alors comme horizon relationnel et modèlera son raport aux autres pour toujours : sites de rencontres, webcams, et réseaux sociaux nourrissent à la fois fantasmes et sentiment d’isolement. Cette tension entre désir de lien et solitude engendre un besoin viscéral de contact avec les images. Toucher les corps absents, laisser une trace, tenter un dialogue réel avec des présences virtuelles : tel est le geste fondateur de sa démarche.

 

Deux médiums principaux traversent son travail aujourd’hui : des compositions photographiques grand format sur lesquelles il intervient à la peinture à l’huile comme une performance, et une photographie argentique intime, saisissant son entourage au fil du quotidien. Ces deux pôles dialoguent en permanence, représentant souvent les mêmes «héros» à travers différentes réalités. Son travail s’étend aussi à la vidéo et à la sculpture, où la photographie, devenue concept ou objet structurel, reflète d’autres réalités et s’inscrit dans un espace-temps mouvant.

 

Ses toiles commencent par des prises de vues numériques, souvent de ses proches. Recomposées sur Photoshop, elles sont ensuite imprimées à taille réelle sur toile, venant occuper son atelier d’une présence imaginaire. L’artiste y applique ensuite, directement à la main, ou au pinceau, une peinture à l’huile en glacis. Les empreintes de ses mains, traces récurrentes recouvrant les fonds et les chairs, deviennent des marques de présence sur les images. Cette pratique hybride donne naissance à un univers visuel ambigu, où deux mondes se rencontrent : celle, froide, recomposée et reproductible, de l’image numérique, et celle, vibrante et unique, du geste pictural. Cet entrelacement crée des espaces étranges, bidimensionnels, entre abstraction contemplative et hyper-réalisme, faisant glisser les personnages dans un univers parallèle. Cette esthétique distordue, marquée par les codes du numérique, est une métaphore directe du trouble qu’il ressent face à la fusion croissante du réel et du virtuel dans nos existences.

 

Enfin, sa série argentique  The Quiet Resistance of Intimacy  documente son quotidien et ses liens les plus intimes. Vivant cette pratique de l’argentique comme un sevrage du numérique, ces images imparfaites capturent la tendresse, la solitude, les silences et les rires de sa famille choisie : un refuge affectif et politique face aux bouleversements du monde.

Archive vidéo

Portrait Monochrome (Christophe)

en cours de réalisation

Paris, 2006

L'oeuvre terminée est visible au début de cette page ---> EARLY WORKS

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