Benjamin Renoux
Maman, 2025
Digital print and oil on canvas
216 x 135 x 4 cm
You cannot represent your mother the same way you would portray a close friend. She gave you life. There is something sacred in that.
Just as, when I create self-portraits, I do so to speak about something universal, when I represent my mother, I want to speak about all mothers.
When she came to pose for me in the studio, I didn't have a clear plan in mind. I often let myself be guided by the energy of the moment, by what emerges in the exchange and presence. She had prepared herself, done her makeup, dressed in that beautiful gown that suits her so well.
She was honored, a little shy too, touched by the idea of being portrayed With a hint of irony, she asked if, this time, I was going to cover her image entirely in white paint once printed on canvas, or perhaps sink her photograph in concrete... Usually quiet and reserved, she confided something very simple to me: "I used to love spinning around when I was little, with my dresses. I would spin and spin!" And then she began to spin.
That's when I decided I would represent my mother dancing — someone
I had never seen dance before in my life.
To depict the movement of dance, I drew inspiration from ancient representations where several phases of a single gesture are shown within the same image - a visual approach found from prehistoric times, through Ancient Egypt, to the Middle Ages. That's how I chose to give her six legs.
The upper part of her body remains still, timid, faithful to her natural posture. But her legs express what she shared with me that day: the memory of childhood, and the freedom of the body.
Portraying my mother with six legs is also a way of elevating her to the status of a deity. Not a smooth, idealized goddess — but an archaic, am-bivalent, powerful one, like those seen in the earliest forms of spirituality: half-woman, half-mythical figure, touched by mystery. I didn't want to reduce her to an expected image of motherhood - gentle, selfsacrificing. I wanted to honor her by making her appear larger than life, almost monstrous, in the original sense of the word: that which defies the norm, that which reveals. Giving my mother six legs is my way of offering her what history has so often denied women - and mothers in particular: excess, magnitude, physical power, transformation. This monster I shape with tenderness is, in its own way, a form of repair. An act of elevation.
Maman, 2025
Impression numérique et huile sur toile
216 x 135 x 4 cm
On ne peut pas représenter sa mère de la même manière qu’un·e ami·e proche. Elle vous a donné la vie. Il y a quelque chose de sacré là-dedans. De la même façon que, lorsque je réalise des autoportraits, c’est pour parler de quelque chose d’universel, quand je représente ma mère, je veux parler de toutes les mères.
Quand elle est venue poser pour moi en studio, je n’avais pas de plan précis. Je me laisse souvent guider par l’énergie du moment, par ce qui émerge de l’échange et de la présence. Elle s’était préparée, maquillée, avait mis cette belle robe qui lui va si bien. Elle était honorée, un peu gênée aussi, touchée par l’idée d’être représentée. Avec une pointe d’ironie, elle m’a demandé si, cette fois, j’allais recouvrir entièrement son image de peinture blanche une fois imprimée sur toile, ou peut-être couler sa photographie dans le béton… D’ordinaire discrète et réservée, elle m’a confié quelque chose de très simple : « Quand j’étais petite, j’adorais tournoyer dans mes robes. Je tournais et je tournais ! » Et puis elle s’est mise à tournoyer. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je représenterais ma mère en train de danser — quelqu’un que je n’avais encore jamais vu danser de ma vie.
Pour représenter le mouvement de la danse, je me suis inspiré de représentations anciennes où plusieurs phases d’un même geste sont montrées dans une seule image – une approche visuelle présente depuis la préhistoire, en passant par l’Égypte ancienne, jusqu’au Moyen Âge. C’est ainsi que j’ai choisi de lui donner six jambes. La partie supérieure de son corps reste immobile, timide, fidèle à sa posture naturelle. Mais ses jambes expriment ce qu’elle m’a partagé ce jour-là : le souvenir de l’enfance, et la liberté du corps.
Représenter ma mère avec six jambes, c’est aussi une manière de l’élever au rang de divinité. Pas une déesse lisse et idéalisée — mais une figure archaïque, ambivalente, puissante, comme celles que l’on retrouve dans les premières formes de spiritualité : mi-femme, mi-figure mythique, touchée par le mystère. Je ne voulais pas la réduire à l’image attendue de la maternité — douce, sacrificielle. Je voulais l’honorer en la rendant plus grande que nature, presque monstrueuse, au sens originel du terme: ce qui défie la norme, ce qui révèle. Donner six jambes à ma mère, c’est ma manière de lui offrir ce que l’Histoire a si souvent refusé aux femmes — et aux mères en particulier : l’excès, l’ampleur, la puissance physique, la transformation. Ce monstre que je façonne avec tendresse est, à sa manière, une forme de réparation. Un acte d’élévation.

